La fin de l’Empire romain, une question d’actualité ?

La fin de l’empire romain

Entre le IIIe et le Ve siècle, l’Empire romain subit de profonds bouleversements qui partagent alors l’opinion des contemporains : naissance d’une nouvelle société ou recul de la civilisation ? Le système politique se transforme, la prospérité économique recule globalement au profit de la fortune de quelques-uns. La société perd son dynamisme et se fige en un « système de castes ». Un « nouveau climat de religiosité » s’installe, la religion traditionnelle et la philosophie héritée de Platon et d’Aristote disparaissant au profit de multiples sectes d’où finit par émerger le Christianisme, qui unit son destin à celui de l’État.

Enfin, les peuples barbares aux marges du monde romain, longtemps contenus, immigrent dans l’Empire et le transforment de l’intérieur, jusqu’à entraîner sa fin. Cependant, dans leurs nouveaux royaumes, ils assurent la survie du souvenir de Rome qui les marque encore de son empreinte. Malgré les 1500 ans qui nous séparent d’elle, cette période de mutation profonde nous renvoie à certaines questions du monde actuel…

Synésios de Cyrène, De la royauté, vers 400 (extraits)

D’abord il faut leur fermer l’entrée des magistratures et les exclure du sénat, eux qui n’avaient que du dédain pour les honneurs que les Romains sont si fiers, et à juste titre, d’obtenir. A voir ce qui se passe aujourd’hui, le dieu de la guerre et la déesse qui préside aux conseils, Thémis, doivent souvent, j’imagine, détourner la tête de honte: des chefs, habillés de peaux de bêtes, commandent à des soldats vêtus de la chlamyde. Des barbares, dépouillant leur grossier sayon, se couvrent de la toge, et viennent avec les magistrats romains délibérer sur les affaires publiques, assis au premier rang après les consuls, au-dessus de tant d’illustres citoyens! Puis, à peine sortis du sénat, ils reprennent leurs habits de peaux, et se moquent avec leurs compagnons de cette toge, incommode vêtement, disent-ils, pour des hommes qui veulent tirer l’épée.

L’étrangeté de notre conduite m’étonne souvent; mais voici surtout ce qui me confond. Dans toutes les maisons qui jouissent de quelque aisance, on trouve comme esclaves des Scythes [Germains] : pour maître d’hôtel, pour boulanger, pour échanson, on prend des Scythes; les serviteurs qui portent ces lits étroits et pliants sur lesquels les maîtres peuvent s’asseoir dans les rues sont encore des Scythes [Germains], race née de tout temps pour l’esclavage, et bonne seulement à servir les Romains. Mais que ces hommes blonds et coiffés à la manière des Eubéens soient, dans le même pays, esclaves des particuliers et maîtres de l’État, c’est quelque chose d’inouï, c’est le plus révoltant spectacle. Si ce n’est pas là une énigme, je ne sais où on en pourra trouver une !

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