Ravenne, les mosaïques racontent l’Histoire

« A Ravenne, le plus grand ensemble au monde de mosaïques, chatoyantes et étincelantes, constitue une tapisserie somptueuse et inaltérable, tendue pour l’éternité » (Louis Bréhier).

Saint-Vital

Pourquoi un tel déploiement de faste dans cette cité ?

En 402, L’empereur Honorius s’installe à Ravenne, où Auguste avait fondé le port militaire de la flotte de l’Adriatique.  En ces temps d’incertitudes et de dangers, d’usurpations du pouvoir et de menaces des peuples germaniques, c’est un choix stratégique permettant une évacuation rapide par la mer. Ravenne, ville romaine de moyenne importance, reçoit alors une parure monumentale digne de la nouvelle résidence impériale.

Un nouvel ensemble épiscopal est alors conçu, avec une cathédrale de très amples dimensions (refaite au XVIIIe siècle) et un baptistère (dit des orthodoxes) orné de somptueuses mosaïques, de stucs et de marbres, les cérémonies baptismales étant alors dévolues alors à l’évêque. Le baptême du Christ figure au centre de la coupole, alors que trônes et autels attendent le retour du Christ et que des thèmes funéraires évoquent la mort et la renaissance du chrétien au travers du baptême. Galla Placidia, demi-sœur d’Honorius, brièvement reine des Wisigoths puis mère et régente de l’empereur Valentinien III, a eu un destin hors du commun. Son mausolée est couvert d’un ciel étoilé de mosaïques d’un bleu profond, complété par des lunettes au style encore très classicisant. Enfin les églises Saint-Evangéliste et Saint-François remontent à cette période, qui prend fin avec la déposition du dernier empereur en 476.

Une nouvelle phase s’ouvre avec l’installation de Théodoric, roi des Ostrogoths, à Ravenne en 493. Le monarque, qui adhérait comme tous les peuples germaniques à une hérésie, l’arianisme, fit construire un nouvel ensemble épiscopal, plus petit, avec son baptistère des Ariens orné de mosaïques reprenant le thème du baptistère des orthodoxes, de façon plus simple avec un style moins naturaliste. Même s’il ne relève pas le titre impérial, il s’inscrit dans la continuité de l’Empire. La basilique de son palais, appelée ultérieurement Saint-Apollinaire-le-Neuf, présente en mosaïques la façade du palais et le port de Classis ainsi que des scènes des Evangiles. La petite chapelle Saint-André du palais épiscopal remonte à cette période. Enfin son mausolée, seule construction de pierre et non de briques, reste un monument atypique et énigmatique couvert d’une coupole monolithe de près de 250 tonnes.

La conquête de Ravenne en 540 par les Byzantins, qui en font un exarquat, province dépendant de Constantinople, se traduit par de nouvelles réalisations. Une partie des mosaïques de Saint-Apollinaire-le-Neuf est refaite, peut-être pour marquer la lutte contre l’Arianisme. De longues processions de martyres semblent y célébrer une liturgie éternelle. L’église Saint Vital reçoit une parure de mosaïques étincelantes, le Christ trône dans l’abside, au-dessous  Justinien et sa cour ainsi que son épouse Théodora renvoient au monde terrestre, et des scènes de l’Ancien Testament évoquent l’Eucharistie. A Saint-Apollinaire in Classe la Transfiguration se déploie dans l’abside. La stylisation des personnages traduit une nouvelle expression de la transcendance divine.

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Chant ambrosien

Chant ambrosien : Ecce quam bonum et jocundum, ensemble Organum, dirigé par Marcel Peres.

Saint Ambroise de Milan, à la fin du IVe siècle, a composé dans les 4 modes grecs, dits ultérieurement « modes authentiques ». Une musique à redécouvrir avec Marcel Perez (disque Harmonia Mundi)

Ambrosian chant – Ecce apertum est Templum tabernaculi

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