Faisons une promenade dans Saint-Pétersbourg avec un bien curieux guide, Raspoutine. Saint-Pétersbourg, la fenêtre ouverte en 1703 par Pierre le Grand sur l’Occident, est une capitale européenne parée de monuments baroques et néoclassiques. Raspoutine, venu du fin fond de la Sibérie, aime plutôt la tradition russe évoquée par quelques monuments. La capitale est secouée de convulsions révolutionnaires, le Dimanche rouge (22 janvier 1905) a eu lieu il y a peu sur la place du Palais.
Le guérisseur mystique et débauché, excessif en tout, s’est rendu indispensable auprès de la famille impériale qui réside essentiellement à Tsarskoïe Selo (le bourg des tsars), au palais Alexandre, non loin de Saint-Pétersbourg. Le prophète entrevoie sa fin au Palais Youssoupov sur les bords de la Moïka…
Film documentaire
Le 29 décembre 1916, Raspoutine était assassiné à la suite d’un complot. En s’appuyant sur des recherches récentes, cette biographie dévoile un autre visage du sulfureux mystique. Modeste fils de moujik né à la fin des années 1860, devenu guérisseur et prédicateur itinérant, le mystique Grigori Efimovitch Raspoutine est introduit en 1907 dans l’intimité de la famille impériale, à Saint-Pétersbourg, Nicolas II et son épouse Alexandra espérant qu’il pourra soigner leur fils Alexis, atteint d’hémophilie. Un peu plus d’un siècle après son assassinat, le 29 décembre 1916, celui dont l’influence néfaste sur la tsarine, voire sur son époux, aurait contribué à précipiter la Russie dans la révolution continue de susciter un débat passionné, notamment dans son pays. En plongeant dans les archives, à la rencontre des historiens qui ont travaillé récemment sur le personnage, ce documentaire nuance sa réputation sulfureuse. Jalousies mortelles Raspoutine a sans doute cristallisé autour de sa personne la jalousie d’une partie de la famille impériale et de la noblesse russe, excédées à la fois par son immense ascendant sur le peuple et par ses entrées à la cour. Un complot est alors ourdi contre lui.
Dans ce documentaire, Olga Outochkina, administratrice du palais Ioussoupov, où Raspoutine fut abattu, dément ainsi qu’il ait été ivrogne et débauché. Une spécialiste de l’occultisme, Marie Turquois-Bowman, croit pouvoir attester de ses dons de guérisseur et de voyance. Quant à l’historien Boris Kolonitski, il relativise son influence politique et replace son assassinat dans un contexte international beaucoup plus large, avec l’hypothèse d’une intervention des services secrets britanniques. Une arrière-petite-fille de Raspoutine, Laurence Huot-Soloviev, qui vit à Paris, témoigne également. Passant des paysages sauvages d’une Russie éternelle aux lieux de Saint-Pétersbourg qui virent l’irrésistible ascension de son charismatique et mystérieux héros, le documentaire fait alterner archives filmées, sonores et photographiques avec des scènes reconstituées.